
Joan Miro – Poème – 1968
L’imprimerie -Pensées à voix haute de Michel Butor
Le poème oublié
Le poème avait été oublié dans la cave
et la ville était déserte et désordonnée
comme un cauchemar
L’imprimeur avait fui la catastrophe
qui descendait du ciel
C’était dans une ville ancestrale
et dans la cave de l’imprimeur languissait
le plus beau poème du monde
Le poète l’avait écrit et l’avait oublié
peut-être est-il mort sous un arbre
qui ne comprend pas
Le typographe l’avait composé et oublié
car la vie était trop sonore
comme un coup de canon
Guy Lévis Mano, Images de l’homme immobile, Éditions Folle Avoine, Préface d’Albert Béguin, 2013, P. 117.