Née autour du bassin de l’Arc lémanique, région à laquelle j’ai toujours été reliée, je suis juriste de formation. Ancien avocat près la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, spécialisée en droit notarial ( droit patrimonial de la famille, successions et régimes matrimoniaux). Je me consacre aujourd’hui à l’écriture, et vis actuellement le plus souvent à Marseille, mais aussi en Corse, et demeure proche de la Suisse.
Au-delà des livres édités ( le premier en 2007) et des publications en revues (depuis 2006), je poursuis l’écriture en ligne de Carnets numériques qui ne sont en définitive qu’un atelier ouvert, un cahier en chantier qui se donne tous les droits, notamment ceux de l’imperfection, de la rature, exactement à l’image des carnets journaliers que l’on reprend dix fois, tout cornus, parfois déchirés, et qui dans ce mouvement même, raturés, repris, redondants, peu à peu clarifient leur dessein.
J’espère que vous partagerez le grand plaisir que je prends à ce très lent travail. Les chroniques des Carnets sont publiées au rythme de 2 à 5 articles par semaine, avec une pause pendant le week-end et les vacances scolaires, voire à d’autres occasions (en fonction de mes déplacements et/ ou de mes contraintes). J’y invite nombre de poètes et de chanteurs contemporains que j’ai souvent la chance de connaître ou d’avoir croisés ici ou là. Nous avons en commun le goût d’une poésie quotidienne et des mots qui dressent des ponts plutôt que des murs. L’essence de ma recherche est toute là ; à l’instar de Celan, je ne vois aucune différence entre un poème et une poignée de main.
Sylvie-E. Saliceti
Ceci est une page de coordonnées comportant quelques informations de base, ma bibliographie et un formulaire de contact ( voir en bas de page). Vous pouvez également me joindre sur mon adresse personnelle [syl.saliceti@free.fr], adresse sans les parenthèses.
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BIBLIOGRAPHIE
Publications en volumes
- À paraître : Montagne Bleue
- Chjam’è rispondi, Éditions du Réalgar, 2022.
- Lettre de R. Johnson aux négriers, Le Nègre parle de l’or, Éditions du Réalgar, 2021.
- Quand nous ne lirons plus les livres sous la mer, Les papillons de Kracov, Avec une gouache de Sophie Grandval, Éditions du Canoë, 2021.
- Il a neigé à travers les toits, Brève liturgie pour Ficaghjola, Récit, A Fior di Carta, 2019.
- La voix de l’eau, Éditions de l’Aire, Suisse, 2017.
- Couteau de lumière, Éditions Rougerie, Préface de Marc Dugardin, 2016.
- Et quand tu écriras, Éditions La Porte, 2015.
- Je compte les écorces de mes mots, Éditions Rougerie, postface de Bruno Doucey, 2013 (Une dizaine de notes de lecture ont été écrites à propos de cet ouvrage, notamment celles de Jean-Michel Maulpoix, Sabine Huynh, Lucien Noullez, Nicolas Rouzet, Pierre Kobel, Lucien Wasselin …)
Anthologies et collectifs
- Anthologie bilingue en Turquie, réunissant 21 poètes français contemporains, édition bilingue français/turc, sous la direction de Aytekin Karacoban, traduction par Aytekin Karacoban, Turquie, 2023.
- Pour bien lire en soi-même, Vingt deux nuances de Proust, novembre 2022.
- Apparaître, Anthologie initiée et préfacée par Florence Saint-Roch, La Main qui écrit, 2019.
- Il n’y a pas de meilleur ami qu’un livre, Éditions Voix d’Encre, 2015.
- L’insurrection poétique, Éditions Bruno Doucey, 2015.
- Les Rocailles, une architecture oubliée (Collectif), Marsiho rocaille, Éditions Millénaires, 2014.
- La poésie et les arts, Éditions Bruno Doucey, 2014.
- Anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines, Éditions Voix d’encre, 2012.
Publications en Revue papier
- Revue Europe, N°1092, 2020.
- Revue La moitié du fourbi, N°5, Noir et ce n’est pas la nuit, Mars 2017.
- Revue Les Archers, extraits « La voix de l’eau », janvier 2016.
- Revue Souffles, Corail, 2ème trimestre 2015.
- Revue Coup de soleil, 2014.
- Diptyque, revue littéraire et artistique, Printemps 2014, Entre-deux.
- Thauma, Revue de poésie et de philosophie fondée par Isabelle Raviolo, 2013, N°9, L’air
- Diptyque, revue littéraire et artistique, hiver 2010-2011, Versant 2 : Lumières intérieures, Chronique de lecture sur les Carnets de marche d’Angèle Paoli
- Phoenix, cahiers littéraires internationaux, n° 3, « Partage des voix », juillet 2011, pp. 66-67
- Association Internationale des Lettres, Revue Semestrielle, N°1 & 2, 2009, pp. 57-67
- Autre Sud, Espace Méditerranéen, Albert Camus, Cahiers trimestriels, n° 44, mars 2009, p 59
- Revue des Arts et Lettres, N° 200, Décembre 2006, p 8
- Porte des Poètes, poèmes, Septembre & Décembre 2006
Publications Revue Internet
Présence dans diverses revues (recensions, extraits ….) : La pierre et le sel, Recours au poème, Texture, Terres de femmes, Aquarium vert, Terre à ciel, La Cause littéraire …
Divers
- Grand Prix de l’Association Internationale des Belles Lettres, 2007.
- Prix Amphoux de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille 2009.
- Sélection finale Grand Prix de l’Académie Mallarmé 2016.
- Docteur en littérature et civilisation françaises (Sorbonne).
Site personnel : Carnets numériques https://sylviesaliceti.com
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Los Hermanos, Les frères
Auteur, compositeur : Atahualpa Yupanqui
Chant : Bïa et Lhassa de Sela

Harald Oskar Sohlberg – Nuit d’hiver dans les montagnes -1904
Comme la neige étincelante dans la nuit d’hiver
Depuis un premier livre de poésie documentaire écrit en 2011 ( au retour d’un voyage d’études en Ukraine et en Pologne, sur les lieux des génocides d’Europe de l’Est), depuis douze ans exactement, je poursuis une recherche sur la voix. Le particularisme des fosses, anonymes, d’Europe centrale puis la problématique génocidaire, ensemble ont mis en évidence un enjeu dépassant la question du temps, du lieu, des circonstances de l’histoire. Un enjeu universel fut mis à jour, celui de la parole et du rapport que nous entretenons avec elle. Ce rapport, loin d’être anodin, s’avère structurant au point d’en faire notre architecture intime et notre cohésion commune. Nos mots ne sont pas des instruments de troc, ni échangés, ni à vendre ou acheter.
Nos mots sont des danses mystérieuses.
Du goulag de la Kolyma pour Varlam Chalamov jusqu’aux baraquements de Buchenwald pour Jorge Semprun, du génocide Rwandais à l’emprisonnement des moines tibétains dans les prisons chinoises, tous les univers totalitaires d’hier et d’aujourd’hui, tous sans exception partagent un point commun, et s’annoncent par ce même préalable : un écroulement du langage.
Partout et toujours, TOUT est observable à l’endroit de la parole humaine. Et qu’observe -t-on du monde contemporain ? Une parole dévoyée, circulante sur les réseaux sociaux, bavarde jusqu’à l’insignifiance, inconséquente, instrument de troc dans la publicité envahissante, outil de propagande, souvent manipulatrice, voire violente. Il y a là tout un univers complet de phrases toxiques. Or les sciences humaines démontrent comment une telle langue, phénoménologiquement, produit la tentation de vivre sans autrui. Or encore, cette tentation précisément prend l’autre nom de perversion (qu’est-ce que la parole sinon l’altérité, sinon « l’expérience de quelque chose d’absolument étranger »?). Certes, cette perversion n’emporte pas une pathologie, pour autant elle est agissante. Individuellement et socialement, elle est une force déstructurante. Toutes les paroles qui recelaient une autorité (familiale, religieuse, judiciaire, journalistique, politique) toutes sont abîmées. Même la littérature est en mal de repères. Comment rendre sa valeur à une parole contemporaine qui s’est perdue ?
Sans aller jusqu’aux extrêmes des régimes totalitaires, comment se frayer une voie/voix dans l’époque ? Comment se faire entendre au lieu de « la foule toujours plus nombreuse, et [de] l’homme toujours introuvable» ? Comment œuvrer au réenchantement de la parole ? Comment écouter mieux ? Comment entendre mieux, comment retrouver l’immanence de la poésie, en un mot accueillir le chant du monde, l’autre nom de l’ode — l’Odos — étymologiquement, le chemin ?
Puisque – comme le dit J.-P. Siméon avec un demi-sourire –puisque la poésie sauvera le monde, alors aidons la poésie ! Misons sur elle ! Misons sur Odysseus Elytis ! Je fais mien ce vœu prononcé par le prix Nobel en 1972 à Athènes : « je considère la poésie comme une source d’innocence emplie de forces révolutionnaires. Ma mission est de concentrer ces forces sur un monde que ne peut admettre ma conscience, de telle manière qu’au moyen de métamorphoses successives, je porte ce monde à l’exacte harmonie de mes rêves. Je me réfère à une sorte de magie moderne dont la mécanique nous conduit à la découverte de notre vérité profonde».
Ce qui est lourd est sans avenir. Parler de poésie aujourd’hui n’est pas facile. La tâche par essence est empreinte de gravité, j’y mêle une «philosophie au pied vif ». Je fais varier les tons, les sujets, Une sorte d’archéologie du frivole (l’expression est de Derrida) qui, à l’image de Trenet, pratique l’art du déplacement : sous l’apparente légèreté, est-il besoin de se convaincre de la teneur philosophique d’un répertoire qui comporte la bouleversante Folle complainte ? Je cherche comment alterner le propos, faire varier les formes (méthodologie à base notamment de témoignages, d’archives, de recherche archéologique, de photographies voire de comptes-rendus d’expériences personnelles (nages quotidiennes en mer et en hiver, dans « La voix de l’eau »). Quant aux Carnets Numériques, ils sont une sorte d’atelier ouvert de recherche, où tout en conservant l’essence poétique, j’expérimente des échos inhabituels entre le poème et quelques intermèdes, des haïkus, des chansons.
Visage vocal et palabra sagrada
L’essence fondatrice du monde des parlants, c’est le visage vocal — au sens de Levinas dans Totalité et infini : « la manière dont se présente l’Autre, dépassant l’idée de l’autre en moi, nous l’appelons … visage ». La voix ainsi entendue désigne l’expérience qui transcende toutes les autres expériences. Elle constitue l’expression de l’altérité, et déroute les tentations de ramener autrui vers soi. Il s’agit de connaître son devoir, plus que de le faire, et je vis l’écriture comme une éthique partageable, un art bénéfique pour soi, autant que pour les autres. L’écriture est une promesse faite d’abord à soi-même. Les mots du poète dans ce monde très sombre, c’est comme la neige étincelante dans la nuit d’hiver de Harald Oskar Sohlberg. La neige des montagnes illumine l’obscurité. Et une parole juste, une seule, suffit pour éclairer une journée.
À l’exemple d’Atahualpa Yupanqui parlant à ses frères de liberté et de palabra sagrada, je tends vers ceci : être « un [poète] d’arts oubliés, qui parcourt le monde pour que personne n’oublie ce qui est inoubliable : la poésie et la musique traditionnelle. Un désir profond existe en moi : être un jour la trace d’une ombre, sans aucune image et sans histoire. Être seulement l’écho d’un chant, à peine un accord qui rappelle à ses frères la liberté de l’esprit.
Sylvie-E. Saliceti