
František Kupka – La vague – 1902 -Galerie des beaux-arts d’Ostrava
Ce constat banal pour commencer : notre chair est baignée d’eau. Partant, pourquoi la pensée, la parole, ne naîtraient–elles pas, de ce fond d’eau, de cette histoire liquide ? L’écrivain riverain, penché sur l’écoulement de ce flux qui le traverse sait que « le dieu du bien écrire est un dieu liquide, l’eau parlante laissée venir, laissée passer, laissée courir. » Et du coup, il voudrait que les mots [le] traversent et [le] lavent, facilement, qu’ils [lui] viennent d’amont et qu’ils descendent le cours du temps sans heurt ni retenue, soit fluide pour laisser dire, lège, impondérable, livrant passage et souriant à la coulée, oublié par la parole allée seule.
Ludovic Janvier, Des Rivières plein la voix (Promenade), L’arbalète/Gallimard, 2004.
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De soif je tombe à la mer comme on verse
avec toute sa peau dans l’ombre noire
je me jette aux reflets je m’offre aux moires
la mer passe par moi l’eau me traverse
j’ai trouvé la bonne façon de boire
Ludovic janvier, La mer à boire, Préface de Chantal Thomas, Poésie/Gallimard, 2006, p.14.
La mer à boire
Auteur: Bernard Dimey
Compositeur: Charles Aznavour
Interprète : Mélanie Dahan