
Emil Nolde – Iris und sommerblumen-1935-
Rosa Luxemburg, prison de Wroncke 1917, avant son assassinat en janvier 1919
Au milieu des ténèbres, je souris à la vie…
Alors, je cherche une raison à cette joie…
Je crois que la vie elle-même est l’unique secret.
Et la vie chante aussi dans le sable qui crisse
sous les pas lents et lourds de la sentinelle…
(…)
En réalité, je traverse actuellement une passe assez dure…
la moindre bagatelle m’irrite douloureusement.
En effet, dans cinq jours il y aura huit mois pleins de ma deuxième année de solitude.
Ensuite, sûrement comme l’an dernier, la vie reprendra ses droits,
d’autant qu’on s’approche du printemps.
Du reste, tout serait bien plus facile à supporter,
si je n’oubliais pas la loi fondamentale que je me suis fixée comme règle de vie :
être bon, voilà le principal ! Être bon tout simplement.
Voilà qui englobe tout et qui vaut mieux que toute l’intelligence
et la prétention d’avoir raison…
(…)
Chérie, ne sois pas abattue,
ne vis pas comme une petite grenouille terrorisée.
Regarde, nous avons à présent – du moins ici – des journées de printemps
si splendides et douces,
les soirées sont tellement belles avec cette lune argentée.
Je ne m’en lasse pas quand dans l’obscurité je fais ma promenade dans la cour de la prison
(je sors exprès le soir, pour ne plus voir les murs et ce qui est autour).
Lis quelque chose de beau !
As-tu de bons livres en ce moment ?
Écris-moi ce que tu lis, je t’en prie, je t’en enverrai peut-être,
ou au moins, te conseillerai quelque chose de beau qui revigore.
Rosa Luxemburg, Lettres de Rosa Luxemburg, Rosa La vie, Traduit par Laure Bernardi, Préface d’Edwy Plenel, Narration d’Anouk Grinberg, Textes choisis par Anouk Grinberg, Éditons de l’Atelier, 2009.
L’espérance en l’homme
Auteur, compositeur : C. Nougaro
Interprète : Maurane