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[Les poèmes d’amour de Marichiko] Kenneth Rexroth

Odilon Redon ( 1840-1916) – Le Bouddha

 

 

Les poèmes d’amour de Marichiko sont-ils, comme le prétend Rexroth, la traduction en anglais de pièces écrites par une jeune japonaise ? Qui est, finalement, Marichiko ? Son amant, appartient-il au monde physique ? Est-il un bien-aimé sacralisé ? Le Bouddha universel ? Que le lecteur curieux ne soit pas un lecteur pressé, qu’il se laisse transporter par ce récit d’un amour sublime dont la beauté formelle marie concision, retenue et crudité, nourries, à n’en pas douter, par l’expérience d’une longue méditation.

 

 

 

 

 

 

 

VI

Rien que nous.
Dans notre petite maison
Loin de tous,
Loin du monde,
Rien que le bruit de l’eau sur la pierre.
Et alors je te dis :
« Écoute. Entends le vent dans les arbres.»

 

VIII

Seule lueur dans l’aube,
Le bonheur de notre amour
Est incompréhensible.
Aucun soleil ne brille là, pas de
Lune, pas d’étoiles, pas d’éclair,
Pas même de lampe.
Toutes choses rendues incandescentes
Par l’amour qui illumine le monde.

 

XIV

Sur les ponts
Et le long des berges
De la rivière Kamo, la foule
Regarde le caractère «grand»
Flamber en lettres de feu sur la colline
Et s’éteindre.
Ton bras autour de moi,
Je brûle de passion.
Soudain , je comprends —
C’est de vie que je brûle.
Ces mains brûlent,
Ton bras autour de moi brûle,
Et regarde les autres,
Tout autour de nous dans la foule, par milliers,
Ils brûlent tous —
Dans les braises et dans l’obscurité.
Je suis heureuse.
Rien de mien ne brûle.

 

Kenneth Rexroth, Les poèmes d’amour de Marichiko, Traduit de l’anglais par Joël Cornuault, Illustrations de Hokusai Katsushika, Collection PO&PSY dirigée par Danièle Faugeras et Joël Cornuault, Éditions Érès, 2016.

 

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