- Le soleil a vécu 2020
- Le poids de la lune – 2017
- Ecrasante beauté-2018
- Puissance du soleil -2017
Etal Adnan
Etel Adnan est morte le 14 novembre 2021, au moment où le Centre Pompidou lui rendait un hommage bien tardif. Née à Beyrouth, peintre, poète, artiste totale, Etel Adnan voyageait beaucoup, avec la maîtrise de cinq langues (dont le français, le grec et l’arabe). Qu’elles soient picturales ou poétiques, ses créations forment un univers dont les expressions se complètent, probablement à la clarté de cet aveu : « Mon regard tragique sur le monde passe par l’écrit. Ma joie de vivre, par la peinture». Je me sens proche d’elle d’abord sur le plan éthique, par le regard qu’elle porte sur le monde. Par la méthode créatrice aussi, qui expose comment, même si la pensée est inséparable de la vie, il serait merveilleux de suspendre cette pensée, de l’isoler, non pas dans une sorte de sommeil, mais dans la conscience la plus vive. Il s’agit là sans doute d’une condition inéluctable de toute créativité, que l’on retrouve chez Novarina, Pessoa, maints poètes et autres gardeurs de troupeaux. Ses toiles font songer à Picasso quand il disait avoir mis soixante ans avant de parvenir à dessiner comme un enfant.
Sylvie-E. Saliceti
Le monde a besoin d’unité, pas de séparation
D’amour, pas de suspicion
D’un avenir commun, pas d’isolement
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La clarté est seule, à l’opposé du vent. L’esprit s’élance. Son centre se trouve partout. Quelques passants prennent les lampadaires pour des fleurs surdimensionnées. Le fleuve coule comme si c’était une gare désertée par les trains. Bien des rivages ont été créés pour un océan.
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La nuit fonctionne comme la neige. Efface le paysage.
Etel Adnan, Le destin va ramener les étés sombres, Anthologie, Préface de Hans-Ulrich Obrist, Traduction de l’anglais ( États-Unis) par Martin Richet, Jérémy Victor Robert, Françoise Despalles, Pascal Poyet et Françoise Valéry, Points Poésie, Collection dirigée par Alain Mabanckou, Éditions Points, 2022, pp.58/321.