Il y a une musique du peuple,
Je ne sais pas : peut-être est-ce un fado —
En l’écoutant un rythme neuf s’élève
Au fond de l’être que j’ai conservé …
En l’écoutant je suis qui je serais
Si toutefois désirer c’était être …
C’est une simple mélodie, de celles
Qu’on apprend en vivant tout bonnement …
Je l’écoute en solitaire bercé
Et c’est cela même que j’ai voulu …
J’ai perdu et ma foi et mon chemin …
C’est qui je ne fus pas qui est heureux.
Mais elle console si fortement,
Cette vague, cette triste chanson …
Que mon âme déjà ne pleure plus
Et que moi-même je n’ai plus de coeur…
Et je suis une émotion étrangère,
L’erreur d’un rêve qui s’en est allé …
En tout cas, n’importe comment, je chante
Et j’en finis avec le sens !
Fernando Pessoa, Cancioneiro, Oeuvres poétiques, Traduction du portugais par Olivier Amiel, Maria Antónia Câmara Manuel, Michel Chandeigne, Pierre Léglise-Costa et Patrick Quillier, Édition de Patrick Quillier, Préface de Robert Bréchon, La Pléiade/Gallimard, 2001, p.681.
Hay una música del pueblo
Auteur : Fernando Pessoa
Interprète : Mariza