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[Famous blue raincoat] Léonard Cohen traduit par Sabine Huynh

 

 

Amedeo Modigliani-Garçon en veste bleue-1918-

 

Texte mystérieux de Léonard Cohen, cette magnifique chanson «Famous Blue Raincoat», aussi hermétique que «Suzanne», figurant encore parmi ces « Songs from the road », legs et magie testamentaire d’un troubadour contemporain.

Et toujours la traduction de Sabine Huynh sur Terre à ciel.

Sylvie-E. Saliceti

 

 

Famous Blue Raincoat
It’s four in the morning, the end of December
I’m writing you now just to see if you’re better
New York is cold, but I like where I’m living
There’s music on Clinton Street all through the evening.
I hear that you’re building your little house deep in the desert
You’re living for nothing now, I hope you’re keeping some kind of record.

Yes, and Jane came by with a lock of your hair
She said that you gave it to her
That night that you planned to go clear
Did you ever go clear ?

Ah, the last time we saw you you looked so much older
Your famous blue raincoat was torn at the shoulder
You’d been to the station to meet every train
And you came home without Lili Marlene

And you treated my woman to a flake of your life
And when she came back she was nobody’s wife.

Well I see you there with the rose in your teeth
One more thin gypsy thief
Well I see Jane’s awake —

She sends her regards.

And what can I tell you my brother, my killer
What can I possibly say ?
I guess that I miss you, I guess I forgive you
I’m glad you stood in my way.

If you ever come by here, for Jane or for me
Your enemy is sleeping, and his woman is free.

Yes, and thanks, for the trouble you took from her eyes
I thought it was there for good so I never tried.

And Jane came by with a lock of your hair
She said that you gave it to her
That night that you planned to go clear —

Sincerely, L. Cohen

https://sylviesaliceti.com/wp-content/uploads/2018/11/1_10_Leonard-Cohen_Famous-Blue-Raincoat_5.mp3?_=1

Famous Blue Raincoat
Auteur, compositeur, interprète : Léonard Cohen
Traduction française : Sabine Huynh

Ton fameux imper bleu
Il est quatre heures du matin, on est fin décembre
Je t’écris pour savoir si tu vas mieux
Il fait froid à New York mais j’aime bien là où je vis
Toute la soirée on entend de la musique dans la rue Clinton.
J’ai entendu dire que tu te construis une baraque au fin fond du désert
Tu vis pour rien désormais, j’espère au moins que tu prends des notes.

Oui, et Jane est passée, avec une boucle de tes cheveux
Elle a dit que c’était un cadeau de ta part
Cette nuit où tu avais prévu de prendre la tangente
As-tu jamais pris la tangente ?

La dernière fois qu’on s’est vus tu avais l’air beaucoup plus âgé
Ton fameux imper bleu était déchiré à l’épaule
Tu t’étais rendu à la gare pour attendre tous les trains
Et tu es rentré chez toi sans Lili Marlene

Tu as offert à ma femme un flocon de ta vie
Et quand elle est revenue elle n’était plus la femme de personne

Je te vois là-bas la rose entre tes dents
Un autre brigand de gitan maigrelet
Je vois que Jane s’est réveillée —

Elle te passe son bonjour.

Et qu’est-ce que je peux te dire, mon frère, mon assassin
Qu’est-ce que je peux te dire ?
Je crois que tu me manques, je crois que je t’ai pardonné
Je suis heureux que tu m’aies empêché de le faire.

Si jamais tu passais dans le coin, pour Jane, ou pour moi
Ton ennemi est apaisé, et sa femme est libre.

Oui, et merci d’avoir retiré la détresse de ses yeux
Je croyais qu’elle y était pour de bon, c’est pourquoi je n’ai jamais essayé.

Et Jane est passée, avec une boucle de tes cheveux
Elle a dit que c’était un cadeau de ta part
Cette nuit où tu avais prévu de prendre la tangente

À toi, L. Cohen.

Traduction française : Sabine Huynh

 

 

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