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Federico García Lorca par Ana Belén [Prends cette valse]

                                        Félix Édouard Vallotton-La valse- 1893

 

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Pequeño vals vienés

Auteur : Federico Garcia Lorca
Compositeur : Léonard Cohen
Interprète : Ana Belén

À Vienne il y a dix jeunes filles,
une épaule où sanglote la mort
et un bois de colombes empaillées,
Il y a un fragment de matin
au musée du givre.
Il y a un un salon à mille fenêtres.

Prends cette valse la bouche fermée.
Cette valse, valse, valse
De oui, de mort et de cognac,
Qui mouille sa traîne dans la mer.
Je t’aime, t’aime, t’aime,
avec le fauteuil et le livre mort,
dans le couloir mélancolique,
au grenier sombre de l’iris,
dans notre lit de la lune
et par la danse que rêve la tortue.
Prends cette valse aux reins cambrés.

À Vienne il y a quatre miroirs
où jouent ta bouche et les échos.
Il y a une mort pour piano
qui peint en bleu les jeunes gars.
Il y a des mendiants sur les toits.
Il y a de fraîches guirlandes de pleurs.

¡Ay, ay, ay, ay!
Prends cette valse qui meurt dans mes bras.
Parce que je t’aime, je t’aime, amour,
dans le grenier où vont jouer les enfants,
rêvant de vieux lustres de Hongrie
dans la rumeur du tendre après-midi,
voyant des brebis et des iris de neige
dans le silence obscur de ton front.

¡Ay, ay, ay, ay!
Je prends la valse « Je t’aime toujours. »
À Vienne, je danserai avec toi
dans un déguisement qui aura
une tête de fleuve.
Vois mes rives de jacinthes !
Je laisserai ma bouche entre tes jambes,
mon âme dans des lis et des photographies
et dans la vague obscure de ta démarche
je veux, mon amour, mon amour, laisser,
violon et sépulcre, les rubans de la valse.

Federico García Lorca, Petite valse viennoise, traduit par Pierre Darmangeat, dans Poésies 111 / Federico García Lorca, Gallimard, 1968, (Poésie).

En Viena hay diez muchachas,
un hombro donde solloza la muerte
y un bosque de palomas disecadas.
Hay un fragmento de la mañana
en el museo de la escarcha.
Hay un salón con mil ventanas.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals con la boca cerrada.

Este vals, este vals, este vals,
de sí, de muerte y de coñac
que moja su cola en el mar.

Te quiero, te quiero, te quiero,
con la butaca y el libro muerto,
por el melancólico pasillo,
en el oscuro desván del lirio,
en nuestra cama de la luna
y en la danza que sueña la tortuga.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals de quebrada cintura.

En Viena hay cuatro espejos
donde juegan tu boca y los ecos.
Hay una muerte para piano
que pinta de azul a los muchachos.
Hay mendigos por los tejados.
Hay frescas guirnaldas de llanto.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals que se muere en mis brazos.

Porque te quiero, te quiero, amor mío,
en el desván donde juegan los niños,
soñando viejas luces de Hungría
por los rumores de la tarde tibia,
viendo ovejas y lirios de nieve
por el silencio oscuro de tu frente.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals del « Te quiero siempre ».

En Viena bailaré contigo
con un disfraz que tenga
cabeza de río.
¡Mira qué orilla tengo de jacintos!
Dejaré mi boca entre tus piernas,
mi alma en fotografías y azucenas,
y en las ondas oscuras de tu andar
quiero, amor mío, amor mío, dejar,
violín y sepulcro, las cintas del vals.

Federico Garcia Lorca

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