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[Poème pour Akhmatova]Elena Frolova chante Marina Tsvetaeva

 

 


Quelques accords de guitare préparent à un certain rythme, puis ce rythme est perturbé et on devine un autre ton. On entend des sons extrêmes, précipités, on perçoit une sensualité forte et la première impression est la stupeur : comment une voix humaine peut-elle aller si loin ? Puis on ressent l’intensité de la passion et on se demande : Que dit-elle ? Que chante-t-elle ? Et on commence à comprendre que derrière les sons —graves ou aigus— les rythmes lents, doux ou hâtifs et presque haletants, il y a des mots dans une langue étrangère. Car une prodigieuse rencontre s’est produite : celle d’une voix actuelle, recréée par la technique et celle déjà lointaine d’une femme poète qui a écrit ces textes.
La voix est celle d’Elena Frolova une chanteuse russe, une jeune femme qui voyage dans la Russie profonde pour retrouver dans les campagnes ces sonorités populaires, parfois anciennes et conservées comme un don de la nature, parfois toutes récentes, inspirées de sentiments éternels. Sa mise en musique surprend par son originalité : la tessiture très étendue des notes, les particularités de rythmes, la richesse des résonances, et l’impression d’absolue nouveauté dans le phrasé.

Elena Frolova a déjà produit plusieurs albums et elle puise dans les réserves populaires ou littéraires. On voit qu’elle a un sens poétique très sûr. C’est une qualité rare, car le genre qu’elle choisit est difficile. Il y a nécessairement deux camps. Ceux qui disent : «Pourquoi mettre en musique des poèmes déjà musicaux, déjà beaux, déjà parfaits ? Il suffit de les lire, même à voix basse, on sent la poésie authentique, puisqu’il s’agit d’un grand poète! » Tandis que d’autres pensent : « Oh ! De toute façon, les mots n’ont aucune importance, ce qui compte c’est la qualité de la voix et la mélodie. On peut émouvoir en chantant ‘là-là-là’, le poète est superflu ». Ce genre d’observation est contredit lorsque arrive un vrai miracle et c’est le cas ici. Une véritable reconnaissance s’est produite car Elena Frolova chante des mots magiques. Ces mots, l’auteur en est Marina Tsvetaeva dont Joseph Brodsky, prix Nobel de littérature 1987, avait dit : « Elle est le plus original et le plus grand poète du XXe siècle.» On la connaît déjà en France grâce à de nombreux récits de prose et aussi par ses poèmes On trouvera ici les traductions de dix neuf poésies qu’Elena Frolova a choisi de chanter. C’est le résultat d’une séduction et d’un destin : la chanteuse est séduite par le poète et émue par son destin.

Véronique Lossky, Traductrice et biographe de la poète, Livret accompagnant le disque.

 

https://sylviesaliceti.com/wp-content/uploads/2019/09/01-11-A_Akhmatova_To_Akhmatova-128.mp3?_=1

Poème pour Akhmatova
Auteur : Marina Tsvetaeva
Interprète : Elena Frolova

 

 

 

2 commentaires sur “[Poème pour Akhmatova]Elena Frolova chante Marina Tsvetaeva”

  1. Bonjour,
    Où pourrais je me procurer cet album? Une recherche sur le net n’ a rien donné.
    Merci pour cet article.
    Julien

    1. Sylvie-E. Saliceti

      Bonjour,
      Il existe essentiellement deux disques d’Elena Frolova, tous deux parus sous le Label ” L’empreinte digitale” ( Marseille)
      Direction artistique : Catherine Peillon. Je fus en contact à l’occasion avec C. Peillon, mais il y a plusieurs années. J’ignore si la maison d’édition existe toujours. Sinon, il vous reste la solution Qobuz, par téléchargement. Enfin, je peux vous envoyer quelques morceaux en format MP3. Vous avez un goût assez sûr ! Elena Frolova est l’équivalent russe d’Angélique Ionatos en Grèce. Deux artistes rares.
      Bien à vous,
      Sylvie-E. Saliceti

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