Dans le cœur de la forêt, la foi.
Colonnes de pierre. Ruines d’un dagoba
dans cette clairière arrachée à la jungle.
Nulle image humaine ne demeure.
Éternels sont la brique, la pierre,
un lac noir où l’eau disparaît
sous la boue pour jaillir de nouveau,
l’arc du dagoba qui rappelle une montagne.
Arbre bo. Maison du Chapitre. Maison de l’Image.
Un alignement de pierres
le périmètre des dortoirs
pour les moines du XIIe siècle,
leur poche de foi
enfouie loin du monde.
(…)
Quand la guerre les atteint
ils emportent les statues au plus
profond de la jungle et disparaissent.
La poche est cousue.
Où l’eau s’enfonce
sous la boue, ils creusent
et enterrent le sacré
puis se cachent au-delà de
ce lac noir
qui réapparaît et
disparaît. Un lac qui n’a de nom
que sa couleur.
Michael Ondaatje, Écrits à la main, Édition bilingue, traduit de l’anglais (Canada) par Michel Lederer, Inédit, Points, 2019, pp.27/29.
The English patient
Martha Sebestyen, Gabriel Yared