Couche-toi et dors, je t’en prie, dors.
Comme s’il n’y avait pas de guerre, encore,
Comme si au fond, au-dessus, d’eau tout était rempli,
Comme si personne jamais n’était parti.
Couche-toi et dors, je t’en prie, oublie
De l’été l’ébauche dans le soleil qui luit.
Ferme les yeux, comme si tout était fini,
Écoute comment l’aubépine rougit,
Comment mûrit l’églantier, l’épine noire bruit,
Comment tombe dans l’herbe le millepertuis.
Comme si tu étais un champignon précieux dans la
terre humide,
Couche-toi et ne pense à rien, fais le vide,
Comme si tu étais une brume sur l’onde nocturne d’un
étang,
Comme si tu tenais quelqu’un par la main, à l’instant.
Couche-toi et dors, au-dessus de toi le rideau céleste se
fermera.
Tout ce que tu crois, sois-en sûr, arrivera.
Kateryna Babkina, in Anthologie du Donbas, Textes rassemblés par Iryna Dmytrychyn, Préface de Volodymyr Yermolenko, Traduit par Iryna Dmytrychyn et Marta Starinska, Collection Présence Ukrainienne, Éditions L’Harmattan, 2015, pp.152.