
Nathan Altman – Portrait d’Anna Akhmatova – 1914
À Akhmatova
Qui aujourd’hui moissonnera
Ton sillon ?
Oh, ma sibylle !
À la tresse noire !
Tes jours de minuit,
Ton siècle de bivouac …
Tous tes petits ouvriers
D’un coup sont pris.
Où sont tes suppléants,
Ces compagnons de lutte ?
Oh, ma sibylle !
À la main blanche !
On ne peut effacer ces tombes
Par une larme, par la gloire.
L’un de son vivant marchait —
Comme étranglé.
L’autre alla vers le mur
Chercher un avantage.
(Et même fier ex – faucon !)
D’un coup ont disparu.
Là-haut tes frères !
Ton appel ne les atteindra pas !
Mon coursier à la robe claire,
Oh ma sibylle !
Et de ces gros nuages-là (louange —
Beauté merveilleuse !)
Une flèche de faucon,
Une de colombe …
Il faut croire que pour toi à deux plumes
Ils écrivent là-bas,
Il faut croire que pour toi à la hâte
Sortira une charte :
Elle rognera ses petites ailes
Oh pavés !
Oh ma sibylle !
Aux ailes noires !
Marina Tsvetaeva
29 décembre 1921 (inédit en français)
Poème pour Akhmatova
Auteur : Marina Tsvetaeva
Compositeur, interprète : Elena Frolova
Label : L’empreinte digitale ( Marseille)
Direction artistique : Catherine Peillon
Traduction des poèmes russes : Chantal Houlon-Crespel