Il est risqué de garder tel quel ce qui est mal écrit. Un mot jeté au hasard sur le papier peut détruire l’univers. Fais attention et corrige ton texte tant qu’il t’appartient encore, me dis-je souvent, car tout ce que tu as écrit, une fois que tu l’auras livré, creusera son chemin dans des milliers d’esprits, le bon grain noircira, au risque de ronger, d’embraser, de raser toutes les bibliothèques.
Une seule solution : écris sans t’en soucier – seul ce qui est nouveau survivra.
William Carlos Williams, Paterson, Traduction d’Yves di Manno, Collection Poésie américaine, Éditions José Corti, 2005, Livre III, p.123.