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[Magie – L’oiseau qui s’efface] Henri Michaux

René Magritte – L’oiseau de ciel- 1964

 

L’OISEAU QUI S’EFFACE

Celui-là, c’est dans le jour qu’il apparaît,
Dans le jour le plus blanc.
Oiseau
Il bat de l’aile, il s’envole.
Il bat de l’aile, il s’efface.
Il bat de l’aile, il réapparaît.
Il se pose. Et puis il n’est plus.
D’un battement il s’est effacé dans l’espace blanc.
Tel est mon oiseau familier,
L’oiseau qui vient peupler le ciel de ma petite cour.
Peupler ? On voit comment…
Mais je demeure sur place, contemplant,
Fasciné par son apparition,
Fasciné par sa disparition.

Henri Michaux, La vie dans les plis, Poésie/Gallimard, 1990.

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Texte lu en musique par Philippe Claudel

 

L’auteur a vécu très souvent ailleurs : deux ans en Garabagne, à peu près autant au pays de la Magie, un peu moins à Poddema. Ou beaucoup plus. Les dates précises manquent. Ces pays ne lui ont pas toujours plu excessivement. Par endroits, il a failli s’y apprivoiser. Pas vraiment. Les pays, on ne saurait assez s’en méfier. Il est revenu chez lui après chaque voyage. Il n’a pas une résistance indéfinie.
Certains lecteurs ont trouvé ces pays un peu étranges. Cela ne durera pas. Cette impression passe déjà.

Henri Michaux, Voyage en Grande Garabagne, Au pays de la Magie, Poésie/Gallimard, 1986.