Soirée autour du recueil de Sylvie-E. Saliceti : Les papillons de Kracov – Quand nous ne lirons plus les livres sous la mer (éd. Du canoé, 2021).

Winslow Homer – Les plongeurs de corail-1897
Imagine … ce serait le dernier jour de l’eau – exactement comme l’on parle du dernier jour de l’automne – ce serait le dernier jour des offrandes de l’eau, quelques gouttes de pluie sur la terre, la terre assoiffée, pourtant reconnaissante. La terre infinie rencontrerait sa limite. Imagine … Que ferions-nous alors ?
Nous creuserions, nous creuserions à la recherche des sources. Chercher une autre vérité plus profonde, plus lointaine, ailleurs, vers un autre territoire que rien n’arrête. Nous irions toucher le sol de l’océan, toucher le fond de la mer, dans les abysses où poussent les fleurs de corail. Visiter le cœur de la Terre pour découvrir je ne sais quelle autre pierre cachée. Qui sait quelle pluie d’étoiles, tombées au fond de l’eau, et que nous rendrions au ciel de la nuit ?
Sylvie-E. Saliceti, 4 mars 2021
Le dernier jour de l’eau
Auteur et diction : Sylvie-E. Saliceti
Compositeur : Tyufyakin Konstantin
« Descendre dans le paysage sous la mer. Au fil de la descente, le bleu s’efface, le noir gagne, la parole bavarde pèse sur les poumons, peu à peu il s’agit de se taire, les mots se comptent avec l’air et l’économie des gestes. Au début la profondeur enivre. Celui qui est descendu vers ce non-lieu vagabonde à demi-vivant parmi les voix — minérale, végétale, animale — voix multiples du corail, sa respiration devient courte, il est aspiré par l’ivresse de la plongée.»