Celui qui connaît la géographie des sentiments
Qui peut lire le sens caché des choses
Traduire les silences
Et apaiser l’inquiet
Celui qui sait la douleur
L’extrême brûlure
Celui-là a tout compris
Trop tard
Tahar Ben Jelloun, Que la blessure se ferme, Poèmes, Gallimard, 2012, p.84.
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*
Amor mío, si muero y tú no mueres,
amor mío, si mueres y no muero,
no demos al dolor más territorio :
no hay extensión como la que vivimos.
Polvo en el trigo, arena en las arenas,
el tiempo, el agua errante, el viento vago
nos llevó como grano navegante.
Pudimos no encontrarnos en el tiempo.
Esta pardera en que nos encontramos,
oh pequeño infinito ! Devolvemos.
Pero este amor, amor, no ha terminado,
y así como no tuvo naciemiento.
no tiene muerte, es como un largo río,
sólo cambia de tierras y de labios.
*
Mon amour, si je meurs et si tu ne meurs pas,
Mon amour, si tu meurs et si je ne meurs pas,
n’accordons pas à la douleur plus grand domaine :
nulle étendue ne passe celle de nos vies.
Poussière sur le blé, et sable sur les sables
l’eau errante et le temps, et le vent vagabond
nous emportaient tous deux comme graine embarquée.
Nous pouvions dans ce temps ne pas nous rencontrer.
Et dans cette prairie où nous nous rencontrâmes,
Mon petit infini, nous voici à nouveau.
Mais cet amour, amour, est un amour sans fin,
Et de même qu’il n’a pas connu de naissance
Il ignore la mort, il est comme un long fleuve,
Il change seulement de lèvres et de terre.
Pablo Neruda, La Centaine d’amour, édition bilingue, Traduction Jean Marcenac et André Bonhomme, Poésie/Gallimard, 1996.
Ai vida
Auteur, compositeur : Jorge Fernando
Interprète : Cristina Branco