Fernand Combes – Paris Quartier St Paul Rue Du Figuier -1910
Où est passé le Paris des poètes chansonniers ? La question, signée Henri Gougaud, d’abord chantée par son auteur puis reprise par Marc Ogeret, trouve sa postérité dans cette version s’ouvrant par quelques vers d’Apollinaire.
C’est là une technique du prélude propre à Reggiani, si personnelle qu’elle est devenue sa marque de fabrique. Il la consacre sur scène, en récitant des poèmes d’exergue qui ancrent ses chansons. Ainsi le dormeur du Val ouvre le déserteur, Baudelaire annonce Sarah, Prévert et son Pater Noster — métaphysique et cocasse — se prolonge par Boris Vian. « Notre Père qui êtes aux cieux, restez-y ! » dit l’un, « Quand j’aurai du vent dans mon crâne …» répond l’autre.
René-Louis Lafforgue est le premier à accueillir Henri Gougaud dans son Cabaret « L’école buissonnière». Au verso de son 25 cm, il écrit : «préfacer un disque, c’est dire tout le bien que l’on pense de l’artiste qui l’a enregistré. Avec Henri Gougaud, je ne vous ferai pas l’injure de croire qu’il vous faut un dessin. Je vous estime assez grand pour vous passer de curriculum vitae. »
Henri Gougaud n’est pas seulement un parolier accompli, il pose un regard visionnaire sur la chanson : « fin 50, début 60, on était quelques-uns à se dire que la chanson devait être considérée comme un art majeur, parce que populaire (…) Mais ça n’a pas vraiment abouti, cette idée que nous avions de la chanson ne correspondait pas à l’air du temps. (…) Pour moi, les grandes vedettes de la chanson n’étaient pas Bécaud ou Aznavour, mais Anne Sylvestre ou Barbara, tous ceux qui passaient dans le circuit un peu secret et très élitiste des cabarets de la rive gauche.» (H. Gougaud, Revue Je chante n°1, 1990, cité par Gilles Schlesser dans Le Cabaret rive gauche, de la Rose rouge au Bateau ivre, éd. de l’Archipel, 2006).
Henri Gougaud embrasse en 1966 une carrière d’écrivain et d’éditeur.
Où est passé Paris ?
Auteur : Henri Gougaud
Interprète : Serge Reggiani