Emmanuel Zairis -Carnaval in Athènes -1930
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Née à Athènes en 1954, Angélique Ionatos a quinze ans lorsque sa famille fuit la dictature des Colonels alors au pouvoir en Grèce, pour s’établir en Belgique, puis en France. Guitariste, compositrice, et interprète hors pair, elle est aussi poète et traductrice. Du point de vue discographique et scénique, sa carrière s’étend sur quarante années, et une vingtaine d’opus, depuis l’album Résurrection, paru en 1972, enregistré avec son frère Photis – disque désigné Grand Prix du disque par l’Académie Charles-Cros – jusqu’à la splendeur du dernier disque de 2015 au titre emblématique de la trace que laisse son œuvre : «Et reste la lumière ».
Toute sa vie tenait là, par ce chant, ce souffle à travers le corps, la libération de cette parole, perdue avant qu’elle ne la restitue au sens le plus littéral, sous la forme chantée de poésies vieilles de 2500 ans. Elle était puissante, pudique, libre ; d’une délicatesse infinie, je l’entends encore fredonner «Quel joli temps pour se dire au revoir».
Angélique Ionatos est morte le 7 juillet 2021, «l’immense artiste, l’incroyable chanteuse, guitariste, musicienne, compositrice, la femme libre, lumineuse, drôle et grave».
Sylvie-E. Saliceti
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Elle jette les filets pour prendre des poissons
Et c’est des oiseaux qu’elle attrape
Elle construit des bateaux sur terre
Et des jardins sur l’eau
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Elle menace de prendre une pierre
Elle renonce
Elle fait mine de la tailler
Et des miracles naissent
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Avec une petite barque
Elle atteint des océans
Elle cherche la révolte
Et s’offre des tyrans
Belle mais étrange patrie…
Odysseus Elytis, Traduction d’Angélique Ionatos.
Omorphi Ke Paraxeni Patrida
Auteur : Odysseus Elytis
Compositeur, interprète, traducteur: Angélique Ionatos
Όμορφη και παράξενη πατρίδα
ω σαν αυτή που μου “λαχε δεν είδα
Ρίχνει να πιάσει ψάρια πιάνει φτερωτά
στήνει στην γη καράβι
κήπο στα νερά
κλαίει φιλεί το χώμα ξενιτεύεται
μένει στους πέντε δρόμους αντρειεύεται
Όμορφη και παράξενη πατρίδα
ω σαν αυτή που μου “λαχε δεν είδα
Κάνει να πάρει πέτρα την επαρατά
κάνει να τη σκαλίσει βγάνει θάματα
μπαίνει σ” ένα βαρκάκι πιάνει ωκεανούς
ξεσηκωμούς γυρεύει θέλει τύρρανους
Όμορφη και παράξενη πατρίδα
ω σαν αυτή που μου “λαχε δεν είδα
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