René Magritte- Les mystères de l’horizon ou le chef d’oeuvre-1955
Quel est l’élément commun qui lie si étroitement mystère et roman ? C’est que dans les mystères, comme dans les romans, nous voyons pour la première fois une existence individuelle se lier à un élément divin, ou surhumain, de telle sorte que les hasards et les épisodes d’une vie singulière acquièrent une signification qui les dépasse et devient en ce sens mystérieuse. C’est d’ailleurs ce qui se passe encore aujourd’hui dans un roman : l’intrigue d’épisodes et de circonstances que l’auteur tisse autour de son personnage, disons (par exemple Isabel Archer dans Portrait de femme d’Henry James ou Anna Karénine dans le roman de Tolstoï) est aussi ce qui va constituer cette vie singulière comme un mystère, qu’il faut comprendre, que la protagoniste elle-même va comprendre.
Mystère qui n’est pas nécessairement sacré, il peut être au contraire entièrement profane et même parfois misérable comme c’est le cas pour Emma Bovary, mais c’est un mystère quand même. Il s’agit en tout cas de mystère car il y a là, comme à Éleusis ou comme chez Apulée, une initiation. Initiation à quoi ? À la vie elle-même. Je veux dire par là que, dans les romans, la vie apparaît comme un mystère où la vie elle-même est à la fois l’initiatrice et le seul contenu du mystère. C’est là, me semble-t-il, une définition possible du roman, mais c’est aussi une définition du mystère.
Giorgio Agamben, Qu’est-ce qu’un mystère ?, in Le Voyage initiatique, Collectif (Barbara Cassin, Jean-Luc Nancy, Daniel Mesguich …), Éditions Albin Michel, Série «Rencontres » sous la direction de Jean Mouttapa, p.73 à 98.
Giorgio De Chirico-Mélancolie et mystère d’une rue-1914
Le Mystère Stradivarius
Compositeurs : George Gershwin, Nigel Hess
Violon : Joshua Bell
