Aller au contenu

[Le temps, petite fille] Álvaro Mutis

 

Edvard Munch-Les jeunes filles sur le pont-v.1927

 

 

 

(…)

Le temps, petite fille, qui s’acharne
comme la louve enterre ses petits
ou l’algue recouvre la quille du navire,
comme la vague lèche le sel des amarres,
comme le vent monte des galeries de mines,
ou le train appelle dans la nuit des hauts plateaux déserts.
De son travail opaque nous faisons notre nourriture
comme de pain consacré ou viande faisandée
qui se dessèche dans la fièvre des ghettos.
À l’ombre du temps, ô mon amie,
une eau tranquille de ruisseau me ramène
ce que je garde de toi pour m’aider
à gagner la fin de chaque jour.

Álvaro Mutis, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Préface d’Eduardo Garcia Aguilar, Traduction de François Maspero, Poésie/Gallimard, 2008, p.113.

 

 

 

 

Laisser un commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.