
František Kupka-La voie du silence -1900
La clé des mots
paraissait perdue désormais depuis longtemps.
Ma soeur me tendait sa main
pour me faire monter plus haut.
Moi, obstinée, je restais à sentir
mon poids de corps
sur le lit de terre.
◊
Tu verras. Marchant au bord de la route les rectangles des champs et les lignes obliques d’oliviers en fuite vers le ciel, soleil en perte et lune en montée, lumière recueillie du crépuscule d’hiver, brumes fumantes à l’horizon. Tu n’entendras plus aucun bruit. Le village s’est perdu au cours de la marche.
◊
Ces froides émotions
sont notre maison étincelante
où nous bougeons
comme si nous n’étions pas des animaux
mais de purs esprits décharnés et luisants,
Le blanc hiver est
notre saison,
que nous sanctifions par des pensées élevées,
et en son honneur,
avec des mots sobres,
nous construisons des labyrinthes lumineux.
Maria Venezia, Vocalità, Édition bilingue, Traduit de l’italien par l’auteur, Éditions Unes, 1986, pp.8/9, 50/51 et 60/61.