La ville est comme un vieil habit. Un vieil habit de ville
que je porte. Une galère. Une horloge aux voix multiples.
Sütlüce. Une cour à Sütlüce.
Ceux qui tirent les flèches selon l’ancien calendrier.
Les trophées de pierre et la pluie
qui parcourt les souterrains. Qui va et vient
dans l’atlas de mon corps
et demeure.
Toi, ciel, va-t-en, te dis-je ! Ah, l’eau seulement!
Voici que je sens tes vertèbres, tes muscles, tes os
et ton cadavre (le poids d’un vieux bateau échoué
dont les veines bleues battent encore. Portant la trace
de la scie. Et il ne ressemble plus
ni à la mort, ni à la vie et…).
Sa chute, puis
sa promenade en uniforme de marin.
Et son reflux. Si long.
Ilhan Berk, Histoire secrète de la poésie, Traduit du turc par Ahmet Sel et Christian F. Estèbe, édition bilingue, Arfuyen, 1991, p 37