
Jeremy Henderson -Dans le jardin du choix infini-1989
L’infini
Toujours chère me fut cette colline solitaire, et cette haie, qui pour une si grande part dérobe le dernier horizon au regard. Mais assis, fixant au-delà de celle-ci des espaces illimités, et de surhumains silences, une très profonde quiétude, en mon esprit je recrée; où peu s’en faut que le coeur ne s’épouvante. Et comme j’entends bruire le vent parmi ces arbres, je vais comparant cet infini silence à cette voix : et de l’éternel, et des saisons mortes, et de la présente, si vive, et de son timbre, je me souviens. Ainsi, dans cette immensité s’abîme ma pensée : et dans cette mer il m’est doux de naufrager.
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Sempre caro mi fu quest’ermo colle, e questa siepe, che da tanta parte, dell’ultimo orizzonte il guardo esclude. Ma sedendo e mirando, interminati spazi di là da quella, e sovrumani silenzi, e profondissima quiete io nel pensiero mi fingo; ove per poco il cor non si spaura. E come il vento odo stormir tra queste piante, io quello infinito silenzio a questa voce vo comparando: e mi sovvien l’eterno, e le morte stagioni, e la presente e viva, e il suon di lei. Cosí tra questa immensità s’annega il pensier mio: e il naufragar m’è dolce in questo mare.
Giacomo Leopardi, L’infini, Traduit de l’italien par Philippe Di Meo, Le Cadran ligné, 2012.