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[Un homme accoudé à sa fenêtre] Christiane Singer

 

 

 

Un homme est accoudé à sa fenêtre. Devant lui, un érable où niche un oiseau. Le vent balance une branche et au loin gargouille un ruisseau. C’est la première scène.

Dans la seconde, on voit le même homme perdre le sol sous ses pieds. La vie s’en va en lambeaux, comme une trop vieille étoffe. Devenu dès lors étranger à lui-même, il erre de par le monde … Il finit par trouver refuge dans un monastère où il passe de longues années à mâcher son koan et à traverser un à un ses enfers. Puis vient le jour où se brise le miroir des apparences, le jour du grand rire libérateur. Il rentre alors paisiblement chez lui.

La troisième et dernière scène le montre accoudé à sa fenêtre. Devant lui un érable où niche un oiseau. Le vent balance une branche et au loin gargouille un ruisseau.

Avant/Après. Rien n’est changé en apparence.
L’arbre, l’oiseau, le vent.
Rien n’est changé en réalité.
L’arbre, l’oiseau, le vent.
Et pourtant désormais tout est différent.
Ce qui était, au début, devant les yeux, les yeux maintenant le sont aussi : l’arbre, l’oiseau, le vent.

Christiane Singer, Histoire d’âme, Éditions Albin Michel, Livre de Poche n° 6887, 1998, Chapitre 27.

 

 

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