LE VRAI SUJET – INTERROGATIONS ET CONJECTURES DE JACOB DE LAFON
Jacob de Lafon lit : « Pour faire tomber la fièvre, couper un bousier en deux. En scotcher une moitié à votre bras droit et l’autre à votre bras gauche. »
Cela l’intrigue.
Qu’est-ce au juste qu’un « bousier » ? Il trouve le terme répugnant.
Il cherche le mot dans le dictionnaire. C’est un « scarabée coprophage qui vit dans les excréments des mammifères » et qui vole en bourdonnant.
Tout cela est bien théorique. Jacob n’a pas de fièvre.
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Jacob de Lafon lit, quelque part, que toute activité humaine s’organise selon deux vecteurs opposés : la poussée centrifuge de la paranoïa et la traction centripète de l’hystérie.
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Jacob de Lafon découvre le terme orthoépie qui signifie « la prononciation correcte des mots ». Le mot lui paraît imprononçable.
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Jacob de Lafon, remarquant que Perceval (tout comme son cousin Lancelot ) descend de Joseph d’Arimathée qui lui-même est de la Maison de David, en bref, que Perceval est juif, se demande si Wagner était au courant.
[…]
Au cours de ses lectures, Jacob de Lafon est surpris de rencontrer d’anciens astronomes qui « défièrent le temps ».
Il se rend compte plus tard que c’est une coquille, qu’il s’agit de « déifièrent ».
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Bien que cela soit un accident, le coup étant parti par réflexe, Jacob de Lafon considère que le papillon qu’il a tué est sa contribution au chaos.
Keith Waldrop, Le vrai sujet, Traduction Olivier Brossard, José Corti, Série américaine, 2010, p.11-14 et 38.