QUELQUES POÈMES DE SAN FRANCISCO
1
Escaladant les pentes franchissant le tracé
parfait des canaux qui irriguent à profusion les montagnes le
flot des femmes et des hommes traverse sous les fils
à haute-tension les collines brunes
dans le monde multiple de l’œil
multiple de la mouche les chants qu’ils sont
venus écouter n’appartiennent à personne
Chas de l’aiguille chas de l’aiguille mais dans le ravin
sans relâche sur l’immense clou le chant heurte
et résonne
à mesure que le volume assourdissant de la musique s’empare
d’eux dissimulés derrière leurs cheveux longs on dirait
qu’ils pleurent
George Oppen, Poésie complète, Traduit par Yves di Manno, José Corti, Série américaine, 2011, p.250.