C’est la mort qui de ses propres yeux t’observe depuis l’aile du papillon. Photographie S.-E.S. Décembre 2018
Voici l’envol des papillons du monde
dans la chaleur de la vallée de Brajcino
depuis l’amère grotte souterraine
que les buissons recouvrent de parfums.
Comme Azuré d’Icare, Amiral et Morio
comme Paon de jour, Paon de nuit, ils volent
en faisant miroiter au sot de l’univers
une vie qui ne s’en ira pas comme ça.
D’où vient l’étrange magie de cette rencontre
aux doux mensonges, un brin de quiétude,
éphémères visions des regrettés défunts?
Mon oreille répond d’un tintement secret :
c’est la mort qui de ses propres yeux
t’observe depuis l’aile du papillon.
Inger Christensen, La Vallée des Papillons & Lettre en avril, Traduit du danois par Karl et Janine Poulsen, Éditions Rehauts, 2018, pp. 9/10.